Actu DFO - Octobre 2025
Recherches fondamentales et découvertes génétiques
Ces derniers mois ont vu la publication d’une revue globale sur la dysplasie fibreuse des os/McCune-Albright (Orphanet J Rare Dis, août 2025) signée par un consortium international (Italie, États-Unis, Pays-Bas, Chine, Danemark, etc.), qui résume les avancées en biologie et pathogénie. Sur le plan génétique, une équipe en Chine a décrit en 2025 pour la première fois la mutation rare GNAS Q227E chez des patients atteints de dysplasie fibreuse crânio-faciale, soulignant l’hétérogénéité clinique de cette pathologie.
Aux États-Unis, WENTWORTH et al. (UCSF/NIH, publié en août 2025 dans American J Hum Genet) ont utilisé le séquençage unicellulaire sur des tissus DFO humains. Ils ont mis en évidence un profil transcriptionnel « fibrosant » commun et montré que les variants GNAS causaux (p.R201H/C) se retrouvent non seulement dans les cellules osseuses stromales mais aussi dans des cellules endothéliales et périvasculaires. Ces résultats confirment le rôle clé du mosaïcisme cellulaire (variantes post-zygotiques de GNAS) dans la physiopathologie de la DFO, élargissant la compréhension de l’expression de la maladie au niveau cellulaire.
Avancées cliniques et thérapeutiques récentes
Dénosumab
Plusieurs études récentes confirment le potentiel de cet anti-RANKL. Un essai contrôlé de phase 2 mené par l’équipe BOYCE/COLLINS (NIH, États-Unis) a montré que des doses modérées (60 mg/mois) réduisent les marqueurs de turnover osseux et améliorent la minéralisation des lésions DFO, de manière comparable aux doses élevées (120 mg/mois), tout en limitant les effets secondaires. Toutefois, un arrêt du traitement entraîne souvent un rebond du remodelage osseux et des hypercalcémies marquées.
Aux Pays-Bas, un essai multicentrique de phase 4 (« DeFiD », NCT05966064), sponsorisé par Natasha APPELMAN-DIJKSTRA (LUMC, Leiden), compare actuellement le dénosumab 120 mg tous les 3 mois à un placebo chez des adultes DFO (début juin 2023, 82 patients, inclusion en cours).
En France, le CHU Lyon coordonne un essai randomisé (PHRC DENODYS) sous la direction de Roland CHAPURLAT comparant le dénosumab au placebo, misant sur la prévention des complications osseuses.
Par ailleurs, un essai pédiatrique (NCT05419050, NIH) vise à évaluer si le dénosumab peut prévenir l’apparition et la progression des lésions DFO chez l’enfant.
Burosumab
Présentés à l’ASBMR Annual Meeting en septembre 2025, ces résultats d’un essai de phase 2 monocentrique (National Institutes of Health) évaluant le burosumab dans la dysplasie fibreuse des os montrent, chez 12 patients (7 enfants, 5 adultes) traités 48 semaines avec un titrage visant une phosphatémie haut-normale (Z-score −1 à +2), une normalisation du phosphate chez 100 % des sujets (Z-score moyen −3,16 → 0,28), une baisse de 49 % de la phosphatase alcaline, des tendances à l’amélioration de la douleur chez les enfants et une amélioration des activités de la vie quotidienne 10/12. Les biopsies et la TEP/CT NaF-18 ne montrent pas d’activation lésionnelle.
Tolérance : 35 événements liés (26 réactions au point d’injection, 9 hyperphosphatémies), tous bénins, aucun arrêt.
Recherche sur la douleur osseuse
La douleur osseuse reste un défi. Une étude italo-néerlandaise (publiée en juillet 2025) a montré, dans un modèle murin DFO et des biopsies humaines, qu’il n’existe pas de néo-innervation sensorielle anarchique ou de névromes dans les lésions DFO. En effet, les auteurs ont observé un faible nombre de fibres nerveuses sensorielles dans les tissus fibro-osseux et un profil comportemental douloureux chez la souris DFO qui n’explique pas l’ampleur de la douleur clinique. Ces découvertes suggèrent que la douleur chronique de la DF ne provient pas d’une prolifération nerveuse aberrante, mais plutôt de facteurs inflammatoires et métaboliques locaux, orientant les recherches vers d’autres cibles antalgiques.