Retour sur... Le meeting JECM 2025

Un vent d’innovation sur les calcifications ectopiques

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Le premier meeting conjoint dédiée aux calcifications ectopiques (JECM 2025) a soufflé un vent de renouveau dans ce domaine en pleine effervescence. Organisé à Nancy du 24 au 26 septembre 2025 par Hervé KEMPF, chercheur INSERM, président de l’ISSEC (International Scientific Society of Ectopic Calcification ) ce meeting a rassemblé plus de 100 participants internationaux. Né de l’union d’INTEC (International Network on Ectopic Calcification), ISSEC, BBC (Basic Research in Bone and Cardiovascular Biology), iSCCa (International Symposium on Cardiovascular Calcification) et PXE Budapest, cet événement a su fédérer des communautés autour d’un objectif commun : créer une plateforme dynamique qui valorise l’innovation scientifique, stimule les échanges interdisciplinaires et ouvre la voie à de futures collaborations dans ce domaine en pleine évolution.

 

La filière OSCAR était présente et a pu assister à de nombreuses interventions de haut niveau. Difficile de résumer un programme aussi dense, mais voici quelques temps forts qui nous ont particulièrement marqués :

Revisiter le phénotype, le génotype et les critères diagnostiques du PXE

Superbe présentation d’Olivier VANAKKER, président de l’INTEC (Gand, Belgique), au nom du consortium REACT-PXE, qui a ouvert le meeting en proposant une mise à jour européenne des critères diagnostiques du pseudoxanthome élastique (PXE).

Les critères cutanés restent au premier plan, avec des lésions précoces souvent visibles dès l’enfance et une histologie encore considérée comme l’outil le plus fiable pour un diagnostic initial. Côté ophtalmologie, les stries angioïdes bilatérales et l’aspect en « peau d’orange » de la membrane de Bruch s’imposent comme critères majeurs, tandis que de nouvelles approches, comme le suivi de la « frontière de calcification », pourraient affiner le suivi de la progression.
Les atteintes vasculaires et viscérales confirment la complexité du tableau : maladie artérielle périphérique précoce, calcifications mammaires, carotidiennes ou testiculaires, hémorragies digestives… certaines manifestations émergent comme pistes de biomarqueurs, à condition d’être mieux quantifiées.
Sur le plan génétique, le gène ABCC6 demeure central, mais sans véritable valeur pronostique. Quant aux biomarqueurs circulants, le déficit en pyrophosphate inorganique (PPi) est confirmé, mais reste insuffisant pour prédire l’évolution ; de nouveaux tests, comme le T50, pourraient ouvrir des perspectives.
Cette révision des critères diagnostiques repose désormais sur une approche intégrée : au moins deux critères majeurs dans deux domaines distincts pour un diagnostic certain. Au-delà de la génétique, c’est la combinaison clinique – histologique – biologique – radiologique qui conforte le diagnostic. L’exemple clinique présenté a illustré la complexité chez l’enfant, où une lecture « souple » des critères reste nécessaire.

L’effort de standardisation mené par REACT-PXE constitue une étape clé vers :

  • une meilleure prise en charge homogène des patients en Europe,
  • la définition d’endpoints fiables pour les futurs essais thérapeutiques,
  • et une phénotypisation profonde qui permettra de mieux comprendre la variabilité du PXE.

Vascular calcification & remodelage matriciel : le paradoxe de « la poule ou l’œuf »

La calcification artérielle due à un déficit en CD73 (ACDC ; OMIM 211800) est une maladie génétique rare provoquant des dépôts de calcium dans les artères et les petites articulations, provoquant une claudication, des douleurs au repos, des douleurs articulaires intenses et des déformations. Il n'existe actuellement aucun traitement standard pour l'ACDC.

Cynthia ST. HILAIRE (Pittsburgh, USA) a illustré comment la compréhension de la physiopathologie de l’ACDC éclaire les mécanismes de la calcification médiale : le déficit en CD73 réduit la production d’adénosine, activant FOXO1 et l’augmentation d’expression de la phosphatase alcaline, tout en levant le frein sur la voie TGF-β. Ce double effet favorise à la fois la minéralisation et le remodelage pathologique de la matrice extracellulaire (fragmentation élastique, tortuosités, anévrismes).

« Poule ou œuf » ? la question demeure ouverte : la calcification précipite-t-elle sur une lame élastique déjà rompue ou en provoque-t-elle la rupture ? Des approches comme le spatial RNA-seq visent à trancher cette séquence causale.

Sur le plan thérapeutique, un protocole ouvert (Ferrente et al., 2025) mené au NIH Clinical Center évalue l’étidronate (20 mg/kg, 14 jours de traitement suivis de 10 semaines sans médicament, répété sur 3 ans, avec suivis biannuels). Les premiers résultats suggèrent une stabilisation de la progression des calcifications et une amélioration fonctionnelle, sans régression des dépôts. 

Finalement, le Pr St Hilaire a montré dans un moéle de calcification médiale (souris MGP KO) que la rapamycine améliore la qualité du collagène et de l’élastine (atténuation du remodelage délétère de ma matrice extracellulaire), et réduit la densité des calcifications sans en modifier le volume. Ces stratégies ouvrent la voie à des endpoints intégrant la biologie de la matrice et le phénotype des cellules musculaires lisses, au-delà de la simple quantification calcique.